Chomsky talk entitled "Contours of the World Order: Continuities, Changes, and Challenges" with Q&A at the Théatre de la Mutualité sponsored by Le Monde Diplomatique, Paris, 29 May 2010 (2:22:30)
From Le Monde Diplomatique:
La venue de Noam Chomsky à Paris permettra aux Français de rencontrer et d’entendre l’homme dont le New York Times, un journal qui pourtant ne l’aime guère (et la réciproque est sans doute vraie), a dit qu’il était « sans doute le plus grand intellectuel vivant aujourd’hui ». Il est aussi celui qu’on a qualifié de « dissident numéro un de l’Amérique ».
Linguiste qui a révolutionné sa discipline, Chomsky est plus largement connu dans le monde pour sa critique du pouvoir, inspirée par la tradition libertaire, pour son ironie mordante envers les bonnes intentions proclamées de la politique étrangère américaine (« démocratie », « droit des peuples », etc.) et pour les critiques redoutables qu’il a toujours adressées au « clergé séculier » des intellectuels et des journalistes.
En 1964, au moment de la guerre du Vietnam, Chomsky appuie les étudiants qui refusent leur incorporation ; il refuse de payer ses impôts deux ans plus tard pour ne pas financer des opérations de guerre qu’il réprouve avec véhémence ; l’année suivante, il est arrêté à l’occasion d’une manifestation devant le Pentagone. A l’époque, il est professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et, plutôt que de prendre des risques politiques et personnels, il aurait donc pu se couler dans l’existence d’un de ces « nouveaux mandarins » dont le courage se limite à l’envoi d’un point de vue moralisant à un grand journal…
Chomsky n’a jamais hésité à épouser des causes impopulaires, dont la défense du droit d’exprimer des points de vue honnis, y compris par lui-même. Ce choix lui a valu davantage de soucis en France qu’aux Etats-Unis (où la liberté d’expression constitue un principe quasiment absolu).
Plus généralement, il a pour habitude de remuer la plume ailleurs que dans la plaie des autres : « Je suis citoyen des Etats-Unis et j’ai une part de responsabilité dans ce que fait mon pays. J’aimerais le voir agir selon des critères moraux respectables. Cela n’a pas grande valeur morale de critiquer les crimes de quelqu’un d’autre – même s’il est nécessaire de le faire, et de dire la vérité. Je n’ai aucune influence sur la politique du Soudan, mais j’en ai, jusqu’à un certain point, sur la politique des Etats-Unis » (The Guardian, 20 janvier 2001).
Au moment où le président Barack Obama bénéficie d’une grande sympathie en Europe et ailleurs, le point de vue que Chomsky exprimera à Paris sur la nouvelle administration américaine revêtira un intérêt particulier.