Intervention à la Confédération générale des travailleurs grecs, (GSEE) à Athènes, en octombrie 1996. În «Contre-Feux», 1998.
On entend dire partout, à longueur de journée, — et c'est ce qui fait la force de ce discours dominant —, qu'il n'y a rien à opposer à la vision néo-libérale, qu'elle parvient à se présenter comme évidente, comme dépourvue de toute alternative. Si elle a cette sorte de banalité, c’est qu’il y a tout un travail d’inculcation symbolique auquel participent, passivement, les journalistes ou les simples citoyens, et surtout, activement, un certain nombre d’intellectuels. Contre cette imposition permanente, insidieuse, care produit, prin imprégnation, une véritable croyance, se pare că les chercheurs au un rol în joc. D’abord ils peuvent analyzer la production et la circulation de ce discurs. Il y a de plus en plus de travaux, en Angleterre, aux États-Unis, en France, qui décrivent de manière très précise les procédures selon cette vision du monde est produite, diffusée et inculquée. Par toute une série d'analyses à la fois des textes, des revues dans ceux-ci au fost publicate et qui se sont peu à peu imposées comme légitimes, des caractéristiques de leurs auteurs, des colloques dans ceux-ci se réunissaient pour les produire, etc., ils ont montré comment, et en Angleterre et en France, un travail constant a été fait, associant des intellectuels, des journalistes, des hommes d'affaires, pour imposer comme allant de soi une vision néo-libérale qui, pour l 'essentiel, habille de rationalisations économiques les présupposés les plus classiques de la pensée conservatrice de tous les temps et de tous les pays. Je pense à une étude sur le rôle de la revue Preuves qui, financée par la CIA, a été patronnée par de grands intellectuels français, et qui, pendant 20 à 25 ans — pour que quelque chose de faux devienne évident, cela prend du temps — a produit inlassablement, à contre-courant au début, des idées qui sont peu à peu devenues évidentes. La même chose s’est passée en Angleterre, et le thatchérisme n’est pas né de Mme Thatcher. Il était préparé depuis très longtemps par des groupes d’intellectuels care aveau pentru majoritatea tribunilor în marii jurnali.
Une premiere contribution possible des chercheurs ar putea fi de lucru la difuzarea acestor analize, sous des formes accessibles à tous. Ce travail d’imposition, a commencé depuis très longtemps, continue aujourd’hui. Și poate observa în mod regulat apariția, ca prin miracol, în câteva zile de la intervale, în toate jurnalele franceze, cu variantele aflate în poziția fiecărui jurnal în universul jurnalului, constată situația economică miraculoasă. des États-Unis sau de l'Angleterre. This sorte de goutte-à-goutte symbolique auquel les journaux écrits et télévisés contribuent très fortement — în mare parte inconsciemment, parce que majoritatea des gens care répètent ces prop le font de bonne foi —, produit des effets très profonds. C’est ainsi qu’au bout du compte, le néo libéralisme se présente sous les dehors de l’inévitabilité.
C’est tout un ensemble de présupposés qui sont imposés comme allant de soi : on admet que la croissance maximum, donc la productivité et la compétitivité, est la fin ultime et unique des actions humaines ; ou qu’on ne peut résister aux forțelor economice. Ou encore, présupposé qui fonde tous les présupposés de l’économie, on fait une coupure radicale entre l’économique et le social, laissé à l’écart, et abandonné aux sociologues, comme une sorte de rebut. Autre présupposé important, c’est le lexique commun qui nous envahit, que nous absorbons dès que nous ouvrons un journal, dès que nous écoutons une radio, et qui est fait, pour l’essentiel, d’euphémismes. Malheureusement, je n’ai pas d’exemples grecs, mais je pense que vous n’aurez pas de peine à en trouver. Par exemple en France, on ne dit plus le patronat, on dit « les forces vives de la nation »; on ne parle pas de débauchage, mais de « dégraissage », en utilisant une analogie sportive (un corps vigoureux doit être mince). Pour annoncer qu’ne entreprise va débaucher 2 000 personnes, on parlera du « plan social courageux de Alcatel ». Așa și tot un joc cu conotații și asocieri de cuvinte pentru flexibilitate, flexibilitate, dérégulare, care tind să facă croire că mesajul neo-libéral este un mesaj universal de liberare.
Contre cette doxa, il faut, me semble-t-il, se défendre en la soumettant à l’analyse et en essayant de comprendre les mécanismes selon ce elle est produite et imposée. Mais cela ne suffit pas, même si c’est très important, et on peut lui opposer un certain nombre de constats empiriques. Dans le cas de la France, l’État a commencé à abandonner un certainnombre de terrains de l’action sociale. La conséquence, c’est une somme extraordinară de souffrances de toutes sortes, care n’affectent pas seulement les gens frappés par la grande misère. On peut ainsi montrer qu'à l'origine des problèmes qui s'observent dans les banlieues des grandes villes, il y a une politique néo-libérale du logement qui, mise en pratique dans les années 1970 (l'aide «à la personne» ), a entraîné une ségrégation sociale, avec d'un côté le sous-prolétariat composé pour une bonne part d'immigrés, qui est resté dans les grands ensembles collectifs et, de l'autre, les travailleurs permanents dotés d'un salaire stable et la petite-bourgeoisie qui sont partis dans des petites maisons individuelles qu'ils ont achetées avec des credits entraînant pour eux des contraintes énormes. Cette coupure sociale a fost determinată printr-o măsură politică.
Aux États-Unis, on assist à un dédoublement de l'État, cu d'un côté un État care asigură des garanții sociale, mai mult pentru les privilégiés, suffisamment assurés pour donner des assurances, des garanties, și un État répressif, policier, pour le peuple. Dans l'État de Californie, un des plus riches des États-Unis, — a fost un moment constituit pentru anumiti sociologi francezi în paradis de toutes les libérations —, și des plus conservateurs aussi, care este doté de l'université sans doute la plus prestigieuse du monde, le budget des prisons est supérieur, depuis 1994, au budget de toutes les universités réunies. Les Noirs du ghetto de Chicago nu connaissent de l'État que le policier, le juge, le gardien de prison et le parole officer, c'est-à-dire l'officier d'application des peines devant qui ils must se présenter regulat sous peine de repartir en prison. On a affaire là à une sorte de réalisation du rêve des dominants, un État qui, comme l’a montré Loïc Wacquant, se reduce de plus en plus à sa fonction policière.
Ce que nous voyons aux États-Unis et qui s’esquisse en Europe, c’est un processus d’involution. Quand on étudie la naissance de l'État dans les sociétés où l'État s'est constitué le plus tôt, comme la France et l'Angleterre, on observe d'abord une concentration de force physique et une concentration de force économique — les deux allant de pair, il faut de l'argent pour pouvoir faire des guerres, pour pouvoir faire la police etc. et il faut des forces de police pour pouvoir prélever de l'argent. Ensuite on a une concentration de capital culturel, apoi une concentration d’autorité. Acest État, à mesure qu’il avance, acquiert de l’autonomie, devient partiellement indépendant des forces sociales et économiques dominantes. La bureaucratie d’État commence à être en mesure de distordre les volontés des dominants, de les interpréter et parfois d’inspirer des politiques.
Le processus de regresion de l’État fait voir que la résistance à la croyance et à la politique néo-libérales est d’autant plus forte dans les différents pays que les traditions étatiques și étaient plus fortes. Et ceci s’explique parce que l’État existe sous deux formes : dans la réalité obiectiv, sous la forme d’un ensemble d’institutions comme des règlements, des bureaux, des ministères etc. et aussi dans les têtes. De exemplu, à l’intérieur de la bureaucratie française, lors de la réforme du financement du logement, les ministères sociaux ont lutté contre les ministères financiers, pour défendre la politique sociale du logement. Ces fonctionnaires avaient intérêt à défendre leur ministères, leurs positions ; mais, c’est aussi qu’ils y croyaient, qu’ils défendaient leurs convictions. L’État, dans tous les pays, est, pour une part, la trace dans la réalité de conquêtes sociales. De exemplu, ministère du Travail este o cucerire socială devenită o realitate, chiar și în anumite circumstanțe, poate fi și un instrument de reprimare. Et l'État exist aussi dans la tête des travailleurs sous la forme de droit subjectif (« ça c'est mon droit », « on ne peut pas me faire ça »), d'attachement aux « acquis sociaux », etc. exemple, une des grosses différences entre la France et l'Angleterre, c'est que les Anglais thatchérisés découvrent qu'ils n'ont pas résisté autant qu'ils auraient pu, en grande partie parce que le contract de
travail était un contract de common law, et non, comme en France, une convention garantie par l’État. Et aujourd'hui, paradoxalement, au moment où, en Europe continentale, on exalte le modèle de l'Angleterre, au même moment les travailleurs anglais regardent du côté du Continent et découvrent qu'il offer des choses que leur tradition ouvrière ne leur offrait pas, c'est-à-dire l'idée de droit du travail.
Statul este o realitate ambiguă. On ne peut pas se contenter de dire que c’est un instrument au service des dominants. Sans doute l'État n'est-il pas complet neutre, complet independent des dominants, mais il a une autonomie d'autant plus grande qu'il est plus ancien, qu'il est plus fort, qu'il a registered in ses structures des conquêtes sociales plus importantes etc. Pour résister contre l'involution de l'État, c'est-à-dire contre la regresie vers un État pénal, chargé de la répression, et sacrifiant peu à peu les fonctions sociales, éducation, santé, assistance etc., le mouvement social poate găsi des sprijiniți de partea responsabililor de dosare sociale, însărcinați de la punerea în opera de l'aide aux chômeurs de longue durée, qui s'inquiètent des ruptures de la cohésion sociale, du chômage etc., etc. 'opposint aux financiers qui ne veulent connaître que les contraintes de la « globalization » et la place de la France dans le monde.
J’ai évoqué la « globalization » : c’est un mythe au sens fort du terme, un discours puissant, une « idée force », une idée qui a de la force sociale, qui obtient la croyance. C’est l’arme principale des luttes contre les acquis du welfare state : les travailleurs européens, dit-on, doivent rivaliser avec les travailleurs moins favorisés du reste du monde. On donne ainsi en modèle aux travailleurs européens des pays où le salaire minimum n'existe pas, où les ouvriers travaillent 12 heures par jour pentru un salariu care varie între 1/4 et 1/5e du salaire européen, unde il n'y a pas de syndicats, où l'on fait travailler les enfants, etc. Et c'est au nom d'un tel model qu'on impose la flexibilité, autre mot-clé du libéralisme, c'est-à-dire le travail de nuit, le travail des week-ends, les heures de travail irrégulières, autant de choses inscrites de toute éternité dans les rêves patronaux. De façon générale, le néo-libéralisme fait revenir sous les dehors d’un message très chic et très moderne les plus vieilles idées du plus vieux patronat. (Des revues, aux États-Unis, dressent le palmarès de ces patrons de choc, qui sont classés, comme leur salaire en dollars, d’après le nombre de gens qu’ils ont eu le courage de licencier).
C’est le propre des révolutions conservatrices, celle des années trente en Allemagne, celle des Thatcher, Reagan et autres, de présenter des restaurations comme des révolutions. La révolution conservatrice aujourd'hui prend une forme inédite : il ne s'agit pas, comme en d'autres temps, d'invoquer un passé idéalisé, à travers l'exaltation de la terre et du sang, themes archaïques des vieilles mythologies agraires . Cette révolution conservatrice d’un type nouveau se réclame du progrès, de la raison, de la science (l’économie en l’occurrence) pour justifier la restauration et tente ainsi de renvoyer dans l’archaïsme la pensée et l’action progressistes. Elle constitue en normes de toutes les pratiques, donc en règles idéales, les régularités réelles du monde économique abandonné à sa logique, la loi dite du marché, c’est-à-dire la loi du plus fort. Elle ratifie et glorifie le règne de ce que l'on appelle les marchés financiers, c'est-à-dire le retour à une sorte de capitalisme radical, sans autre loi que celle du profit maximum, capitalisme sans frein et sans fard, mais rationalisé, poussé à la limite de son efficacité économique par l'introduction de formes modernes de domination, comme le management, et de techniques de manipulation, comme l'enquête de marché, le marketing, la publicité commerciale.
Si cette révolution conservatrice peut tromper, c’est qu’elle n’a plus rien, en apparence, de la vieille pastorale Forêt-Noire des révolutionnaires conservateurs des années trente ; elle se pare de tous les signes de la modernité. Ne vient-elle pas de Chicago? Galilée disait que le monde naturel este scris în langage mathématique. Aujourd’hui, on veut nous faire croire que c’est le monde économique et social qui se met en equations. C'est en s'armant de mathématique (et de pouvoir médiatique) que le néo-libéralisme este devenit la forme supreme de la sociodicée conservatrice qui s'annonçait, depuis 30 ans, sous le nom de « fin des idéologies », ou, plus recent, de « fin de l'histoire ». Pour combattre le mythe de la « mondialisation », care a pour fonction de faire accepter une restauration, un retour à un capitalisme sauvage, mais rationalisé, et cynique, il faut revenir aux faits. Si l’on regarde les statistiques, on observe que la concurrence que subissent les travailleurs européens est pour l’essentiel intra-européenne. Selon les sources que j’utilise, 70% des échanges économiques des nations européennes s’établissent avec d’autres pays européens. În mettant l'accent sur la menace extra-européenne, on cache que le principal danger este constitué par la concurrence interne des pays européens et ce qu'on appelle parfois le social dumping : les pays européens à faible protection sociale, à salaires bas, peuvent tirer parti de leurs avantages dans la concurență, mais în tirant vers le bas les autres pays, ainsi contraints d'abandonner les acquis sociaux pour resister. Ce qui implică, pour échapper à cette spirale, les travailleurs des pays avancés ont intérêt à s’associer aux travailleurs des pays les moins avancés pour garder leurs acquis și pentru a favoriza generalizarea à tous les travailleurs européens. (Ce qui n’est pas facile, du fait des différences dans les traditions nationales, în special în le poids des syndicats par rapport à l’État et dans les modes de financement de la protection sociale.)
Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi tous les effets, que chacun peut constater, de la politica neo-libérală. Astfel un certain nombre d’enquêtes anglaises montrent que la politique thatchérienne a suscité une formidable insécurité, un sentiment de détresse, d’abord chez les travailleurs manuels, mais aussi dans la petite-bourgeoisie. On observe exactement la même chose aux États-Unis où l’on assist à la multiplication des emplois précaires et souspayés (qui font basser artificiellement les taux de chômage). Les classes moyennes americanes, supuse à la menace du licenciement brutal, connaissent une terrible insécurité
seulement le travail et le salaire qu’il procure, mais la sécurité qu’il assure). Dans tous les pays, la proportion des travailleurs à statut temporaire croit par rapport à la population des travailleurs à statut permanent. La précarisation et la flexibilisation entraînent la perte des faibles avantages (souvent describes comme des privilèges de « nantis ») qui pouvaient compenser les faibles salaires, comme l’emploi durable, les garanties de santé et de retraite. La privatisation, de son côté, entraîne la perte des acquis collectifs. De exemplu, dans le cas de la France, les 3/4 des travailleurs nouvellement embauchés le sont à titre temporaire, et seulement 1/4 de ces 3/4 deviendront des travailleurs permanents. Evidemment les nouveaux embauchés sunt plutôt des jeunes. Ce qui fait que cette insécurité frappe essentiellement les jeunes, en France — nous l'avions aussi constaté in our book La Misère du monde — et aussi en Angleterre où la détresse des jeunes atteint des sommets, avec des conséquences comme la délinquance et autres phénomènes extrem de costisitoare.
À quoi s’ajoute, aujourd’hui, la destruction des bases économiques et sociales des acquis culturels les plus rares de l’humanité. L’autonomie des univers de production culturelle à l’égard du marché. oui n’avait pas cessé de s’accroître, à travers les luttes et les sacrifices des écrivains, des artistes et des savants, est de plus en plus menacée. Le règne du «commerce» și du «commercial» se impune fiecare jour plus à la littérature, à travers în special la concentrația de l”édition, de plus en plus direct soumise aux contraintes du profit immédiat, à la critique littéraire et artistique, livrée aux plus opportunistes serviteurs des éditeurs — ou de leurs compères, avec les renvois d'ascenseur—, et surtout au cinéma (on peut se demander ce qui restera, dans dix ans, d'un cinéma de recherche européen, si rien n' est fait pour offrir aux producteurs d'avant-garde des moyens de production et surtout peut-être de diffusion) ; sans parler des sciences sociales, condamnées à s’asservir aux commandes directement intéressées des bureaucraties d’entreprises sau d’État sau à mourir de la censure des pouvoirs (relayés par les oportunistes) sau de l’argent.
Si la globalization est avant tout un mythe justificateur, il y a un cas où elle est bien réelle, c’est celui des marchés financiers. À la faveur de l'abaissement d'un certain nombre de contrôles juridiques et de l'amélioration des moyens de communication modernes qui entraîne l'abaissement des costs de communication, on s'oriente vers un marché financier unifié, ce qui nu vrea pas dire homogen. Ce marché financiar este dominat de anumite economie, c'est-à-dire par les pays les plus riches, și în particular prin pays dont la monnaie este folosită pentru monnaie internațională de rezervă și care du coup dispose à l'intérieur de ces marchés financiers d'une grande marge de liberté. Le marché financier este un champ dans lequel les dominants, les États-Unis dans ce cas particulier, occupant une position telle qu’ils pot en definer en grande partie les règles du jeu. Cette unification des marchés financiers autour d’un certain nombre de nations detentrices de la position dominante entraîne une réduction de l’autonomie des marchés financiers nationaux. Les financiers français, les inspecteurs des Finances, qui nous disent qu'il faut se plier à la nécessité, oublient de dire qu'ils se font les complices de cette nécessité et que, à travers eux, c'est l'État national français qui abdique.
Bref, la globalization n’est pas une homogénéisation, mais au contraire elle este l’extension de l’emprise d’un petit nombre de nations dominantes sur l’ensemble des places financières nationales. Il en result une redéfinition partielle de la division du travail international dont les travailleurs européens subissent les conséquences, avec par exemple le transfert de capitaux et d’industries vers les pays à main-d’œuvre bon marché. Ce marché du capital international are tendința de a reduce autonomie des marchés du capital national, și în particular à interdire la manipularea prin les États nationaux des taux de change, des taux d'intérêt, care sunt de plus en plus determinats par un pouvoir concentré aux mains d'un petit nombre de pays. Les nationaux sunt supuse riscului de atacuri spéculative ale părții agenților dotés de fonds massifs care pot provoca o evaluare, guvernele de stânga fiind evidemment mai ales amenințate parce qu'ils suscitent la suspicion des marchés financiers (un gouvernement de droite). care fait une politique peu conforme aux idéaux du FMI este moins en danger qu'un gouvernement de gauche, même s'il fait une politique conforme aux idéaux du FMI). C’est la structure du champ mondial qui exerce une contrainte structurale, ce qui donne aux mécanismes une apparence de fatalité. La politique d’un État particulier este largement determinate par sa poziție în structura de distribuție a capitalului financiar (qui a definit la structura campionului economic mondial).
En présence de ces mécanismes, que peut-on faire ? Il faudrait réfléchir d’abord sur les limites implicites qu’accepte la théorie économique. La théorie economică nu se ia în considerare în evaluarea costurilor unei politici, ce face apel la costurile sociale. De exemplu, une politique de logement, celle qu'a décidée Giscard d'Estaing en 1970, impliquait des coûts sociaux à long terme qui n'apparaissent même pas comme tels car, en dehors des sociologues, qui se souvient, vingt ans plus tard , de această măsură ? Qui rattacherait une émeute de 1990 dans une banlieue de Lyon à une décision politique de 1970 ? Les crimes sont impunis parce qu’ils sont frappés d’oubli. Il va necesita că toate forțele sociale critice insistente asupra încorporației în calculele economice ale costurilor sociale ale deciziilor economice. Qu'est-ce que cela coûtera à long terme en débauchages, en souffrances, en maladies, en suicides, en alcoolisme, en consommation de drogue, en violence dans la famille, etc. autant de choses qui coûtent très cher, en argent, mais aussi în souffrance ? Je crois que, même si cela peut paraître très cynique, il faut retourner contre l'économie dominante ses propres armes, et rappeler que, dans la logique de l'intérêt bien compris, la politique strictement économique n'est pas nécessairement économique — ro insécurité des personnes et des biens, donc en police etc.
În plus, trebuie să se pună la întrebarea radicală a viziunii economice, care să individualizeze tot, producția ca justiția sau sănătatea, costurile pentru profiturile și pentru eficiența eficienței, nu se dă o definiție etroite și abstractă. „identifiant tacitement à la rentabilité financière, dépend évidemment des fins auxquelles on la mesure, rentabilité financière pour les actionnaires et les investisseurs, comme aujourd'hui, ou satisfaction des clients et des usagers, ou, plus largement, satisfaction et agrément des producteurs, des consommateurs et, ainsi, de proche en proche, du plus grand nombre. À cette économie étroite et à courte vue, il faut opposer une économie du bonheur, care prendrait acte de tous les profits, individuels et collectifs, matériels et symboliques, associés à l'activité (comme la sécurité), și aussi de tous les costs matériels et symboliques associés à l'inactivité sau à la precarité (de exemplu, la consommation de médicaments : la France a le record de la consommation de tranquillisants). On ne peut pas tricher avec la loi de la conservation de la violence : toute violence se paie et par exemple la violence structurale qu'exercent les marchés financiers, sous forme de débauchages, de précarisation, etc., a sa contrepartie à plus ou moins long terme sous forme de suicides, de delinquance, de crimes, de drogue, d'alcoolisme, de petites sau de grandes violences quotidiennes.
Dans l’état actuel, les luttes critiques des intellectuels, des syndicats, des associations, doivent se porter en priorité contre le dépérissement de l’État. Les États nationaux sunt minés du dehors par les forces financières, ils sont minés du dedans par ceux care se font les complices de ces forces financières, c'est-à-dire les financiers, les hauts fonctionnaires des finances, etc. les dominés ont intérêt à défendre l'État, în particular în son aspect social.
Cette défense de l’État nu s’inspire pas d’un nationalisme. Si l’on peut lutter contre l’État national, il faut défendre les fonctions « universelles » qu’il remplit et qui peuvent être remplies aussi bien, sinon mieux, par un État supranational. Si l'on ne veut pas que ce soit la Bundesbank qui, à travers les taux d'intérêt, guverne les politiques finances des different states, is-ce qu'il ne faut pas lutter pour la construction d'un État supranational, relativement autonome par rapport aux forces économiques internationales et aux forces politiques nationales et capabil de développer la dimension sociale des institutions européennes ? De exemplu, les mesures visant à assurer la réduction du temps de travail nu prendraient tout leur sens, că și acestea au fost prises par une instance européenne et applicables à l’ensemble des nations européennes.
Historiquement, l’État a été une force de rationalisation, mais qui a été mise au service des forces dominantes. Pour éviter qu’il en soit ainsi, il ne suffit pas de s’insurger contre les technocrates de Bruxelles. Va trebui să inventer un nouvel internaționalism, au moins à l’échelle régionale de l’Europe, care ar putea oferi o alternativă à la regresion nationaliste qui, à la faveur de la criză, menace peu sau prou tous les pays Européens. Il s’agirait de construire des institutions qui soient capables de controler ces forces du marché financier, d’introduire — les Allemands ont un mot magnifique — un Regrezionsverbot, une interdiction de régression en matière d’acquis sociaux à l’échelle européenne. Pour cela, il este absolument indispensable que les instances syndicales agissent à ce niveau supranational, parce que c’est là que s’exercent les forces contre celles se battent. Il faut donc essayer de a crea les bases organisationnelles d’un véritable internationalisme critique capable de s’opposer vraiment au néolibéralisme.
Punctul Dernier. De ce les intellectuels sont-ils ambigus dans tout cela ? Je n’entreprendrai pas d’énumérer, — ce serait trop long et trop cruel — toutes les formes de la démission ou, pire, de la collaboration. J'évoquerai seulement les débats des philosophes dits modernes ou postmodernes qui, lorsqu'ils nu se content pas de laisser faire, occupés qu'ils sont par leurs jeux scolastiques, s'enferment dans une défense verbale of the reason and du dialogue rationnel or , pire, proposant une variante dite post-moderne, en fait « radical chic », de l'idéologie de la fin des idéologies, avec la condamnation des grands récits ou la dénonciation nihiliste de la science.
En fait, la force de l'idéologie néo-libérale, c'est quelle repose sur une sorte de néo-darwinisme social : ce sont « les meilleurs et les plus brillants », comme on dit à Harvard, qui triomphent (Becker, prix Nobel d'économie, a develop l'idée que le darwinisme est le fondement de l'aptitude au calcul rationnel qu'il prête aux agents économiques). Derrière la vision mondialiste de l’internationale des dominants, il y a une philosophie de la compétence selon laquelle ce sont les plus compétents qui gouvernent, et qui ont du travail, ce qui implique que ceux qui dont pas de travail ne sont pas compétents. Il y a les Câştigătorii și învinși, il y a la noblesse, ce que j'appelle la noblesse d'État, c'est-à-dire ces gens qui ont toutes les propriétés d'une noblesse au sens médiéval du terme et qui doivent leur autorité à l'education, c 'est-à-dire, selon eux, à l'intelligence, conçue comme un don du Ciel, dont nous savons qu'en réalité elle est distribuée par la société, les inégalités d'intelligence étant des inégalités sociales. L'idéologie de la compétence convient très bien pour justifier une opposition qui ressemble un peu à celle des maîtres et des esclaves : avec d'un côté des citoyens à part entière qui ont des capacités et des activités très rares et surpayées, qui sont en mesure de alege leur employeur (alors que les autres sont choisis par leur employeur, dans le meilleur des cas), care sont en mesure d'obtain de très hauts revenus sur le marché du travail international, care sunt sur-occupés, hommes et femmes (j'ai lu une très belle étude anglaise sur ces couples de cadres fous qui courent le monde, qui sautent d'un avion à un autre, qui ont des revenus hallucinants qu'ils ne peuvent même pas rêver de dépenser en quatre vies, etc.), et puis, de l'autre côté, une masse de gens voués aux emplois précaires ou au chômage.
Max Weber disait que les dominants ont toujours besoin d’une « théodicée de leurs privilèges », sau, mieux, d’une sociodicée, c’est-à-dire d’une justification théorique du fait qu’ils sont privilégiés. La compétence est aujourd’hui au cœur de cette sociodicée, qui est acceptée, évidemment, par les dominants — c’est leur intérêt — mais aussi par les autres. Dans la misère des exclus du travail, dans la misère des chômeurs de longue durée, il y a quelque chose de plus que dans le passé. L’idéologie anglo-saxonne, toujours un peu predicator, distinguait les pauvres imoraux et les săraci care merită - les pauvres méritants — dignes de la charité. À cette justification éthique est venue s’ajouter ou se substituer une justification intellectuelle. Les pauvres ne sont pas seulement immoraux, alcooliques, corrompus, ils sont stupides, ininteligents. Dans la souffrance sociale, entre pour une grande part la misère du rapport à l'école care nu face doar les destins sociaux mais aussi l'image que les gens se font de ce destin (ce qui contribue sans doute pentru a explica ce l „on appelle la passivité des dominés, la difficulté à les mobiliser etc.). Platon avait une vision du monde social qui se aseamănă à celle de nos technocrates, avec les philosophes, les gardiens, puis le peuple. Cette philosophie est inscrite, à l’état implicite, dans le système scolaire. Très puissante, elle este très profondément intériorisée. Why est-on passé de l’intellectuel engagé à l’intellectuel « dégagé » ? En partie parce que les intellectuels sont détenteurs de capital culturel et que, même s’ils sont dominés parmi les dominants, ils font partie des dominants. C’est un des fondements de leur ambivalence, de leur engagement mitgé dans les luttes. Ils participant confusément de această idéologie de la compétence. Quand ils se révoltent, c’est encore, comme en 33 en Allemagne, parce qu’ils estiment ne pas recevoir tout ce qui leur est dû, étant donné leur compétence, garantie par leurs diplômes.
Athènes, octombrie 1996
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