La guerre sur plusieurs fronts menée par la droite contre la démocratie américaine vise désormais notre croyance fondamentale en la séparation de l’Église et de l’État. Il s’agit notamment d’une tentative de dire que les pères fondateurs ont approuvé l’idée qu’il s’agit d’une « nation chrétienne » avec une religion officielle.
Mais les fondateurs – et une grande majorité d’Américains – ont dénoncé, rejeté et méprisé à plusieurs reprises, avec véhémence et avec une clarté étonnante, de telles croyances.
Nulle part dans la Constitution qu’ils ont écrite, le mot « chrétien » ou le nom du Christ n’apparaît. La toute première phrase du premier amendement exige que « le Congrès ne fasse aucune loi concernant l’établissement d’une religion ».
L’une des principales raisons pour lesquelles Benjamin Franklin, George Washington, Thomas Jefferson, Tom Paine, Ethan Allen et la grande majorité des premiers Américains ont rejeté la fusion de l’Église et de l’État était la puanteur persistante de l’intolérance puritaine. Les tristement célèbres meurtres théocratiques des procès des sorcières de Salem ont rendu malade l'âme américaine, tout comme la prise de pouvoir actuelle par les nouveaux fondamentalistes corporatistes de Karl Rove crée une atmosphère d'intolérance et de peur, définie par le plus grand goulag carcéral du monde.
Avec la duplicité qui la caractérise, la droite radicale tente de réécrire une autre des croyances les plus chères à cette nation. Considérez un article largement diffusé par Larry Schweikart de l'Université de Dayton. Avec une étonnante inexactitude, Schweikart affirme que la célèbre exigence de Jefferson d'un « mur de séparation entre l'Église et l'État » ne signifie pas vraiment ce qu'elle dit. L'observation de Jefferson selon laquelle les pères fondateurs n'étaient pas particulièrement pieux est également rejetée, comme si Schweikart les connaissait tous et Jefferson non.
En déformant les métaphores, en changeant les significations et en ignorant l'unitarisme de Jefferson, Schweikart évoque un soutien complètement fictif à un État chrétien.
Vient ensuite l’affirmation étonnante selon laquelle Benjamin Franklin, incomparablement urbain, tolérant et toujours éclectique, était en quelque sorte un soldat chrétien. Peu importe que dans son Autobiographie, Franklin, d'origine puritaine, avec son esprit ironique habituel, se lamente d'avoir été traîné par un ami à l'église, d'où il s'est enfui pour retourner à ses livres et à ses expériences.
Peu importe également que l’athéisme légendaire des très populaires Tom Paine et Ethan Allen ait été adopté dans toute une nouvelle nation qui aimait la raison rationnelle.
Au lieu de cela, l’affirmation rovewellienne selon laquelle les États-Unis appartiennent aux fondamentalistes puritains et à leurs sponsors corporatifs est alimentée par des lambeaux aléatoires délibérément utilisés à mauvais escient comme s’il s’agissait d’un droit divin.
Le Dieu déiste de Franklin, de Jefferson et de leurs cohortes illuminées était en fait une divinité humaniste, enracinée dans les possibilités de l’esprit et de l’esprit. La véritable foi fondatrice de l'Amérique puisait sa force dans diverses sources, notamment l'Amérique indigène, le quakerisme pacifiste et les véritables enseignements de Jésus tirés du Sermon sur la montagne : large, épris de paix, tolérant, égalitaire, pluraliste et aimant.
En d’autres termes, c’est exactement le contraire du jihad totalitaire de GW Bush. Les croisés théocratiques d'aujourd'hui promeuvent l'esprit mesquin des fanatiques puritains qui gouvernèrent Boston à partir de 1630 d'une main de fer et d'un nœud coulant. Affirmer que cette Église d’État tristement répressive (et réprimée !) était d’une manière ou d’une autre soutenue par ses opposants les plus ciblés revient à diffamer les fondateurs de l’Amérique et la Vérité elle-même.
Ce ne sont pas les dix commandements judéo-chrétiens qui constituent le fondement des valeurs américaines. Il s'agit des dix premiers amendements à la Constitution. S’il y a quelque chose qui doit être gravé dans la pierre de nos bâtiments publics, c’est bien la Déclaration des droits.
C’est précisément ce que signifie brûler sur le bûcher cette attaque contre notre histoire. L’Amérique éveillée s’est révoltée contre le roi, les corporations et le clergé. Son rejet d’une Église parrainée par l’État, chrétienne ou autre, était farouchement explicite et résolument dominant.
Le jihad fondamentaliste d’aujourd’hui, financé par les grandes entreprises, est en guerre contre l’âme révolutionnaire particulièrement diversifiée de l’Amérique. Crachant à la face de notre noyau historique, le grand mensonge d’une « nation chrétienne » est le Rove vintage dans sa forme la plus orwellienne.
Le génie fondateur de l’Amérique a illuminé le monde de pluralisme laïc. Ceux qui attaquent notre esprit d’ouverture unique avec de fausses connaissances sont ceux que George W. Bush pourrait décrire le plus précisément comme « des gens qui détestent l’Amérique ».
— L'HISTOIRE DES ÉTATS-UNIS PAR HARVEY WASSERMAN est à www.harveywasserman.com. Il est co-éditeur, avec Bob Fitrakis et Steve Rosenfeld, de DID GEORGE W. BUSH STEAL AMERICA'S 2004 ELECTION ? (www.freepress.org).
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