[Il s'agit d'une version révisée d'une conférence donnée à l'Université de Yale le 11 novembre 2010, lors d'un forum parrainé par les Étudiants pour la Justice en Palestine.]
Alors qu’il devient de plus en plus difficile de justifier le traitement réservé par Israël au peuple palestinien, les apologistes d’Israël – qu’ils soient basés en Israël ou dans des centres pseudo-universitaires tels que l’Initiative de Yale pour l’étude interdisciplinaire de l’antisémitisme – recourent à une autre ligne de défense : à savoir : ils accusent les critiques d'Israël d'être antisémites. Il ne s’agit pas du genre d’antisémitisme classique que l’on retrouve par exemple dans la Charte du Hamas, mais plutôt d’un antisémitisme d’un double standard anti-israélien.
Ce que j'aimerais faire, c'est examiner certaines de ces allégations d'antisémitisme et de double standard et voir quel mérite elles peuvent avoir.
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Un argument soutenant l’accusation d’antisémitisme est le suivant : il est antisémite d’imposer à Israël des normes plus élevées que les autres pays. Pourquoi, par exemple, les critiques sont-ils plus préoccupés par les pertes civiles causées par Israël lors de son attaque sur Gaza en décembre 2008 et janvier 2009 que par les États-Unis lors de son attaque contre la ville irakienne de Falloujah en novembre 2004 ? C’est l’argument avancé par exemple par l’analyste israélien Yossi Alpher.[1]
Alpher, je pense, surestime le nombre de victimes à Falloujah, mais convenons que les deux attaques ont tué un grand nombre de civils innocents. Alors oui, quiconque applaudirait l’armée américaine à Falloujah et condamnerait Israël à Gaza serait un hypocrite. Mais ce n’était certainement pas l’avis des principaux critiques progressistes d’Israël, dont la position était tout à fait cohérente et fondée sur des principes : ils ont dénoncé les deux attaques comme démontrant un mépris immoral.
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